THEME PARK
DOLANCOURT (AUBE). 2024
THEME PARK est une série photographique réalisée à l’été 2024 par Lucas Chanoine à Nigloland, un parc à thèmes situé à Dolancourt (Aube) qu’il fréquente depuis l’enfance.
Il documente les décors du parc d'attractions mais aussi sa technologie, son arrière-boutique, ses travaux et son personnel. C’est une représentation à la fois matérialiste, ethnologique et poétique de ce parc, passé de petite entreprise familiale à l’une des plus grosses machineries d’Europe.
En choisissant d’arpenter les lieux pendant leur fermeture au public, un jour de grand soleil, Lucas Chanoine nous fait apparaître les décors comme des sculptures pop, presque cartoonesques. Les maisons hantées, les grottes et les forêts artificielles, vidées de leur public, deviennent des mondes magiques silencieux, n’existant que pour eux-mêmes. Lucas Chanoine prend à rebours les enjeux de la photographie moderniste – fixer sans artifice l’existence sans fard des choses – en photographiant des éléments qui nous apparaissent d’emblée comme artificiels.
Poursuivant cette idée, Lucas Chanoine s’intéresse aux outils qui rendent possible cette illusion. Nous voici en dessous des wagons, à l’intérieur des cuisines et des salles des machines. Les câbles et les rails forment un engrenage complexe, tel un corps sophistiqué, soudé et harmonieux. Le contraste entre la magie et la technique qui contribue à nous y faire croire est rendu visible au travers des outils de la photographie : aux couleurs primaires se succède une palette délicate de teintes désaturées, l’armature lissée et luisante des attractions cède sa place au bois usé des établis.
Au milieu des décors, des boutiques, des jardins et des ateliers se dressent des femmes et des hommes affublés d’uniformes qui sont tout autant des costumes féeriques que des vêtements techniques. Pilotes d’attractions, hôte·sses, opérateur·ices, technicien·nes, machinistes, paysagistes prennent la pose sur leur lieu de travail. L'utilisation de flashs donne à ces portraits un aspect figé, presque sculptural, qui unifie la diversité des corps de métier et nous fait nous attarder sur une série de détails : des chaussures de sécurité, un badge épinglé sur le côté droit d’une chemise de shérif, un talkie-walkie à la ceinture. Mais l’essentiel semble se trouver dans les regards et les sourires, à la fois gênés et espiègles. Ces personnes sont nos complices. Elles travaillent à créer pour nous un monde magique. Personne n’est dupe, ni elles ni nous. C’est le pacte de croyance auquel nous adhérons en entrant dans le parc à thèmes : faire semblant d’y croire ensemble. C’est aussi avec le pacte de croyance autour du médium photographique que Lucas Chanoine joue avec poésie et malice : il fixe sans artifice l’existence sans fard du réel, mais d'un réel ici lui-même fictionnalisé.
Il documente les décors du parc d'attractions mais aussi sa technologie, son arrière-boutique, ses travaux et son personnel. C’est une représentation à la fois matérialiste, ethnologique et poétique de ce parc, passé de petite entreprise familiale à l’une des plus grosses machineries d’Europe.
En choisissant d’arpenter les lieux pendant leur fermeture au public, un jour de grand soleil, Lucas Chanoine nous fait apparaître les décors comme des sculptures pop, presque cartoonesques. Les maisons hantées, les grottes et les forêts artificielles, vidées de leur public, deviennent des mondes magiques silencieux, n’existant que pour eux-mêmes. Lucas Chanoine prend à rebours les enjeux de la photographie moderniste – fixer sans artifice l’existence sans fard des choses – en photographiant des éléments qui nous apparaissent d’emblée comme artificiels.
Poursuivant cette idée, Lucas Chanoine s’intéresse aux outils qui rendent possible cette illusion. Nous voici en dessous des wagons, à l’intérieur des cuisines et des salles des machines. Les câbles et les rails forment un engrenage complexe, tel un corps sophistiqué, soudé et harmonieux. Le contraste entre la magie et la technique qui contribue à nous y faire croire est rendu visible au travers des outils de la photographie : aux couleurs primaires se succède une palette délicate de teintes désaturées, l’armature lissée et luisante des attractions cède sa place au bois usé des établis.
Au milieu des décors, des boutiques, des jardins et des ateliers se dressent des femmes et des hommes affublés d’uniformes qui sont tout autant des costumes féeriques que des vêtements techniques. Pilotes d’attractions, hôte·sses, opérateur·ices, technicien·nes, machinistes, paysagistes prennent la pose sur leur lieu de travail. L'utilisation de flashs donne à ces portraits un aspect figé, presque sculptural, qui unifie la diversité des corps de métier et nous fait nous attarder sur une série de détails : des chaussures de sécurité, un badge épinglé sur le côté droit d’une chemise de shérif, un talkie-walkie à la ceinture. Mais l’essentiel semble se trouver dans les regards et les sourires, à la fois gênés et espiègles. Ces personnes sont nos complices. Elles travaillent à créer pour nous un monde magique. Personne n’est dupe, ni elles ni nous. C’est le pacte de croyance auquel nous adhérons en entrant dans le parc à thèmes : faire semblant d’y croire ensemble. C’est aussi avec le pacte de croyance autour du médium photographique que Lucas Chanoine joue avec poésie et malice : il fixe sans artifice l’existence sans fard du réel, mais d'un réel ici lui-même fictionnalisé.